Serait-ce en le baîllon que nous avons foi ?
Une interview de Sibel Edmonds, dénonciatrice du FBI (1ère partie)
Par Khatchig Mouradian
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=32030
The Armenian Weekly (www.armenianweekly.com)
Volume 73 ; Numéro 19, 12 Mai 2007
Traduction Gilbert Béguian
Sibel Simmonds, experte en langues au FBI, a été licenciée du bureau local du FBI de Washington en mars 2002. On lui reprochait d’avoir dénoncé des manquements à la sécurité, des camouflages, de la rétention d’information, et la corruption de certains citoyens des USA parmi lesquels des hauts fonctionnaires. Le secret d’état a été souvent invoqué pour faire obstacle à toute action en justice relative à son affaire, et le bâillon a souvent été utilisé au sein même du Congrès des USA pour y interdire toute discussion.
Edmonds a révélé, par exemple, une secrète collusion entre des groupes turcs et le précédent président de la Chambre des représentants, Dennis Hastert ( Républicain, Illinois), qui aurait reçu, selon certaines sources, des dizaines de milliers de dollars en pots-de-vin en échange du retrait de la résolution sur le Génocide des Arméniens du bureau de la Chambre des représentants en 2000.
Née en 1970 en Iran, Edmonds a obtenu un diplôme universitaire en justice et psychologie criminelles de l’Université George Washington et une maîtrise en sciences politiques et commerce international de l’Université George Manson. Elle est la fondatrice et directrice de la National Security Whistleblowers Coalition (NSWBC, groupement de surveillance de la sécurité nationale) et a reçu, en 2006, le prix special PEN/Newman du Premier Amendement. Elle parle le turc, le farsi et l’azéri.
Cette interview a été faite le 23 avril à Washington. Pour plus d’informations sur son cas, visiter le site www.justacitizen.com
Khatchig Mouradian- Votre premier contact avec la Commission Judiciaire du Sénat dénoncer le cas de corruption turque de hauts fonctionnaires américains date de plus de cinq ans. Pourriez-vous nous dire comment cette affaire a évolué ensuite, et où elle en est aujourd’hui ?
Sibel Edmonds- Bien sûr. Cela fait un peu plus de cinq ans que je me suis présentée devant la Commission Judiciaire du Sénat pour que soient informés, en même temps et à huis clos, les collaborateurs du Sénateur Charles Grassley (Républicain, Iowa) et du Sénateur Patrick Leahy (Démocrate, Vermont). Je leur ai remis les références des documents spécifiques, le nom de ces documents, le nom des cibles spécifiques et dans leur détail, tous les éléments relatifs à mon affaire. Comme vous vous en souvenez peut-être, quelques mois après cette information de la commission judiciaire du Sénat, chacun de ces deux Sénateurs a commencé à en parler ouvertement dans les média. Nous avons vu le Sénateur Grassley déclarer dans l’émission 60 Minutes de CBS à quel point cette affaire le scandalisait. Des membres du FBI ont confirmé tous ces faits et ont dit qu’il conviendrait de mettre le FBI sens dessus dessous à la suite de cette affaire. Le Sénateur Leahy a fait des déclarations similaires et les deux sénateurs se sont efforcé de créer une audition sur cette affaire. J’ai appris par la suite qu’à ce moment là, le Président s’était opposé à une audition dans laquelle un certain nombre de personnes - parmi lesquelles des agents du FBI dignes de confiance qui auraient dit la vérité sous serment - auraient pu témoigner et faire la lumière sur cette affaire.
Après deux ans d’enquête, le rapport public rendu par le Bureau de l’Inspecteur Général du Département de la Justice. confirmait le contenu de mon propre rapport. Bien que mes déclarations soient soutenues par des documents et par d’autres témoignages, le FBI refusait d’ouvrir une instruction ou une enquête sur cette affaire. Au cours des cinq années qui viennent de s’écouler, voilà donc une affaire confirmée par certaines sources du Congrès, par des personnes au courant des faits, puis par le Bureau de l’Inspecteur Général du Département de la Justice, à aucun moment niée ou contestée par le Département de la Justice ou le FBI, mais pour laquelle rien n’a été encore fait.
Il n’y a eu aucune audition et personne n’a été tenu pour responsable. Nous en sommes à peu près au point où nous en étions au début et je trouve cela vraiment scandaleux.
C’est une situation déplorable et pas seulement pour ce qui me concerne ou pour ce qui concerne cette affaire en particulier. Beaucoup de gens peuvent penser qu’il ne s’agit que d’un cas de dénonciation parmi d’autres, celui d’une experte de langues qui travaillant pour le FBI et injustement licenciée. Mais je n’aurais pas été licenciée si je n’avais pas mis en évidence des faits important pour les citoyens américains, et même pour les personnes vivant en dehors des Etats-Unis. Cette affaire met en lumière plusieurs domaines importants, comme notre politique étrangère, qui est minée par l’hypocrisie. Nous ne parlons pas seulement de citoyens d’autres pays que le nôtre : nous parlons de nous-mêmes, nous parlons de fonctionnaires américains qui se sont engagés dans des actes contraires aux intérêts public américains et contraire nos devoirs.
Mais le peuple américain ignore encore tout de cette affaire, et le Congrès n’a rien fait malgré la totale information de ses membres et l’entière confirmation qu’ils en ont eu.
K.M.- C’est à se demander qui en réalité travaille pour les citoyens et qui travaille à son profit personnel et privé ?
S.E.- Cela est important, il est question ici de l’intérêt individuel par rapport à l’intérêt du peuple américain, et tout particulièrement parce qu’il s’agit d’employés du service public. Ce sont des personnes à qui sont donnés l’accès à des informations liées à la sécurité publique et à des documents ultrasecrets. J’insiste : cela n’est pas le fait d’un parti plutôt qu’un autre, de la droite plutôt que la gauche, ni le fait de l’administration au pouvoir au détriment d’autres organismes. Lorsqu’on rentre dans les détails de ces affaires, on découvre que ces personnes, ont usé et abusé de leur position pendant un certain temps. Et nous avons regardé de l’autre côté. Et les media principaux ont détourné leur regard. Il ne s’agit pas de faits ultrasecrets. Ces personnes, il suffit de les regarder.
Voyez le cas par exemple de M. Marc Grossman. Alors qu’il était en fonction, il a mis a profit son titre d’ambassadeur des USA en Turquie et son appartenance au Ministère des Affaires étrangères pour s’assurer de futures promotions ; pendant son service et au su de plusieurs organismes de contrôle, je tiens à insister sur ce point. Quelques personnes dans ces organismes voulaient enquêter sur ces faits mais elles en ont été empêchées.
Dans mon cas, il convient que je vous donne un seul exemple. J’ai été informée par mes chefs- et ces personnes sont des bons chefs ordinaires, des personnes avec qui je travaille - que le Pentagone et le Ministère des Affaires étrangères exerçaient des pressions sur le Ministère de la Justice pour étouffer l’affaire. Il n’y a qu’à regarder où en est M. Grossman aujourd’hui. Peu de temps après qu’il ait donné sa démission, il a obtenu un poste dans une compagnie turque semi régulière, ce qui constitue une récompense pécuniaire très attractive.
On peut relever des cas similaires, comme ceux de M. Douglas Feith et M. Richard Perle. Ils étaient agents étrangers attitrés pour la Turquie entre 1988 et 1995. Il s’agissait de fonctions très lucratives et sur ce point, ils n’étaient pas représentatifs des membres Gouvernement américain. Après avoir chacun démissionné de leur haute fonction dans le Gouvernement des USA en 2000, pensez vous qu’il y ait eu un changement quelconque sur les vrais intérêts qu’ils représentaient ?
Et malheureusement de telles situations se produisent du côté du Congrès. Il y a eu le cas de Solaris, membre du Congrès à la fin des années 80 et au début des années 90. Il y a eu le cas de Livingston, membre du Congrès - plus tard son Président - et la fonction qu’il avait comme représentant d’un intérêt étranger. Et c’est ce qu’on pourra voir sous peu avec les membres actuels du congrès, comme le président précédent Hastert. Il revient au public américain et aux media principaux de s’intéresser à ces questions. Ce dont nous parlons ici vaut pour un seul pays, la Turquie. Combien y en a-t-il d’autres ? Et pourquoi détournent-ils leur regard ? Notre peuple sait-il que nous faisons confiance et donnons autorité à des gens qui ne les représentent pas ?
K.M.- Vous êtes simplement une personne et vous êtes traductrice, travaillant sur des sujets principalement relatifs à la Turquie. Vous avez environ 200 collègues. Qui sait combien de telles affaires ont lieu ? Cette histoire, votre histoire, en soi, suffit à montrer à quel point le système est corrompu.
S.E.- Mon affaire a été connue jusqu’à un certain point par les actions dans lesquelles je me suis engagée, comme mes démarches en justice, au Congrès, etc. Il y a des affaires similaires qui ne sont pas ébruitées. Par exemple, le cas Larry Franklin, dans l’affaire d’espionnage avec AIPAC (American Israel Public Affairs Committee, groupe de pression visant à soutenir Israel ).
Le public américain ne sait pas qu’il y a eu d’autres opérations de contre-renseignement au sein du FBI qui ont fourni beaucoup plus d’informations pas seulement limitées à M. Franklin. D’autres opérations ont été interrompues en 2000 et 2001 parce qu’elles finissaient par atteindre des niveaux plus élevés et impliquaient beaucoup trop de personnes. Je parle de personnes qui agissent illégalement, qui abusent de la confiance et de leur pouvoir, et qui, dans certains cas, se rendent coupables de trahison.
Encore une fois, il est très facile de voir ce qui s’est passé dans mon cas. Quelle conclusion les gens qui veulent bien faire et avancer peuvent-ils tirer de mon affaire ?
Ils peuvent se dire que cela finalement ne change rien, parce que j’ai usé de toutes les possibilités d’action offertes.
Je suis allée aussi loin que possible auprès des tribunaux, jusqu’à la Cour Suprême, et comme vous le savez, ils m’ont imposé le baîllon en invoquant le Secret d’Etat. Ils disent que tout, dans mon affaire - y compris mon lieu de naissance, les langues que je parle, tout - est classé secret. Il m’est interdit de discuter le point de savoir si j’ai raison ou tort. Et je suis allé partout au Congrès, j’y ai fait ce qu’il fallait. Il ne m’a pas considéré comme un auteur de fuites qui va tout raconter aux media et divulgue des documents classés secrets.
Je me suis présentée devant les commissions compétentes, la Commission Judiciaire et la Commission du Renseignement, et aussi, incidemment, à la Chambre des Représentants et au Sénat...J’ai exploré les possibilités d’autres structures compétentes- les tribunaux, le Bureau de l’Inspecteur Général, qui dépend de l’exécutif. J’ai essayé les média. Par conséquent, je ne blâme pas les pessimistes qui disent que cela ne change rien, ou qui pensent qu’ils perdront leur emploi ou qu’ils risquent peut-être la prison. Beaucoup de ces personnes sont soutiens de famille. Ce sont des gens consciencieux, mais ils ont derrière eux 15 à 20 ans de carrière et pensent, « je suis à 5 ans de la retraite et je ne vais pas gâcher cela » . Il y a donc de nombreuses raisons pour lesquelles beaucoup de personnes ne s’avancent pas.
Ils vous prennent en exemple. Parce que si une affaire, la mienne par exemple, débouchait sur une vraie décision de justice et établirait les responsabilités, vous verriez un certain nombre de gens faire de même. Et combien de fois - disons seulement sur la dernière décennie- avez-vous vu le dénonciateur de l’une quelconque de ces administrations s’avancer et se montrer ? je ne pense pas que vous pourrez en citer un seul.
Vous pouvez également constater la culpabilité d’autres organismes, quelquefois même non intentionnellement. Il y a beaucoup à reprocher par exemple à nos principaux media. Délibérément ou non, ils sont complices en ne relatant pas ce qu’ils devraient relater, et en n’enquêtant pas sur ce sur quoi ils le devraient. Ils ont abdiqué leur responsabilité.
Et vers quoi tournons nous nos regards lorsqu’il s’agit d’enquêtes de responsabilités ? Vers le Congrès. Et il y a eu une raison majeure si nous n’avons pas vu appelées plus de personnes issues du FBI, agents avec lesquels j’ai travaillé- solides, patriotes, bons Américains, dévoués.
Ils étaient autant indignés que je l’étais lorsque j’ai découvert ces affaires et fait un rapport interne. Si la Commission Judiciaire ou celle des Affaires du Gouvernement à la Chambre des Représentants avait organisé une audition et convoqué ces agents pour témoigner, ils auraient dit la vérité sous serment.
K.M.- Alors, quelle est selon vous, la définition d’un agent des USA aujourd’hui ?
S.E.- Je ne peux pas parler d’autres administrations, mais s’agissant du FBI, vous avez différents types d’opérations. Par exemple, si l’agent du FBI travaille sur une affaire criminelle, son rôle consiste à réunir des preuves sous le contrôle de la justice, de rechercher les criminels et les remettre à la justice. Jusqu’à un certain point, le contenu de la fonction reste la même pour les opérations anti-terroristes, celles dévolues à la division du FBI que je considère la plus importante, mais qui marche malheureusement le plus mal. Vous avez des agents, des traducteurs et des analystes qui surveillent les activités -parfois criminelles, parfois liées à l’espionnage- de groupes étrangers dans notre pays. Au cas où ils sont en mission sur des activités criminelles et si des citoyens américains y sont engagés, ils doivent relever les faits, en faire un rapport, se rendre au Département de la Justice, aller dans les tribunaux et commencer des enquêtes parallèles, non plus au titre d’affaire de contre-renseignement, mais à celui d’affaires criminelles ou d’espionnage.
C’est ce qui s’est passé dans cette affaire AIPAC. Elle a commencé au bureau local de Washington où je travaillais bien avant mes débuts au FBI ; les opérations ont débuté au titre du contre-renseignement avec les traducteurs et les analystes et agents avec lesquels j’étais en relation.
Les cibles n’étaient pas de nationalité américaines. Ils s’agissait, disons en termes hypothétiques, de groupes affiliés à l’AIPAC et émanant de l’Ambassade d’Israel. Ce n’est qu’après que ces activités explosives soient apparues et qu’un certain agent impliqué ait décidé de les attaquer de front, avant l’année 2000 - qu’une enquête parallèle fut ouverte. C’est ensuite que nous avons été informés du rôle de Feith et Larry Franklin.
La même chose était sur le point de se développer avec le contre renseignement turc dans le corps du texte de la transcription - mise sur écoute ou papier - d’opérations que j’avais traduite mot pour mot pour le Bureau local de Washington mais aussi pour ceux de Chicago et de New Jersey. Elles avaient été conduites avant 2001. S’il fallait y mettre une date, on pourrait la situer vers 1996 à 2001. En 1998 et 1999, il y avait un grand nombre de pièces démontrant l’implication de citoyens américains.
Nous voulons parler de personnes titulaires de fonctions officielles, soit au Département d’Etat, soit au Pentagone, soit au Congrès. Les agents firent ce qui convenait en engageant une procédure parallèle ciblant les individus supposés commettre des actes de trahison. Cependant, comme j’en ai été informée en première main par des agents avec lesquels je travaillais, cette procédure fut arrêtée en 1999 car le Président Clinton était impliqué dans le scandale Lewinski. Après que l’administration courante fut mise en place et que j’y sois attachée, les agents eurent pour instruction de la clore. Les personnes qui prirent cette décisison n’appartenaient ni au Ministère de la Justice ni au FBI, et chose que j’essaie de souligner tout le temps - ils étaient sous pression, ils étaient contraints par des forces du Pentagone et du Département d’Etat. Et quelles raisons étaient-elles données derrière la scène ? Je ne sais pas, je n’étais pas là, mais ils donnèrent des explications et justifications identiques devant les tribunaux : « vous parlez de relations diplomatiques extrêmement sensibles. »
Et en fait, par la suite, le Ministre de la Justice Ashcroft, alors qu’il invoquait le secret d’état dans mon affaire, déclara qu’exposer ces questions devant les tribunaux, à tort ou à raison, détériorerait certaines relations diplomatiques sensibles et entraverait certaines relations d’affaires des USA avec l’étranger. Nous savons que l’un des pays visé était la Turquie. Ainsi vous avez là une citoyenne américaine qui a été privée des droits que lui donne le Premier amendement. Baillonnée. Je veux dire, est ce là un concept américain, baillonner une personne ? Vous ne parlez pas là d’un combattant ennemi, vous ne parlez pas là d’un suspect de terrorisme. Vous voyez un citoyen américain respectueux des lois qui paye ses taxes,
Ainsi ces relations d’affaires, ces relations diplomatiques ont justifié la privation d’un citoyen américain des droits que lui donne le Premier amendement, et de ses droits du Quatrième amendement devant un tribunal. En fait, le Département d’Etat des USA a fait une classification rétroactive illégalement et le Congrès a été effectvement baillonné en mai 2004. Ils ne disent même pas à quelles relations diplomatiques ils se réfèrent. En ont-ils honte ? Parlons nous de milliards de dollars en fournitures d’armes ? Pourquoi ne sont-ils pas plus spécifiques ? Parce qu’il s’agit de choses ultrasecrètes, confidentielles. C’est pour cela que j’ai fait ces rapports, selon des sources extérieures d’information fiables, recueillant l’ensemble des données.
Vous faites référence à 5 milliards de dollars tous les deux ans en fourniture d’armes ? Cela n’est pas ultrasecret. Qui bénéficie de cela ? Quelles compagnies ? Qui sont les individus qui en tirent bénéfice ? Et y a-t-il quoi que ce soit dans les questions que je soulève qui pourrait porter atteinte aux Américains et à leur sécurité, si elles étaient dévoilées ? Rien. Rien du tout.
En fait, ce sont des questions et ce sont des affaires qui pourraient être bénéfiques à leur sécurité nationale parce que les mêmes activités couvrent également le blanchiement de l’argent de certaines activités de stupéfiants. Tout ce qu’il y a à faire, c’est de prendre connaissance des propres rapports du Département d’Etat sur la Turquie et l’opium. Quatre vingt douze pour cent de l’héroine fournie en Europe arrive par la Turquie, et elle est commercialisée et distribuée par des ressortissants turcs.
Ces informations ne sont pas confidentielles. Elles se trouvent dans le propre rapport du Département d’Etat. Les fleurs de pavot sont cultivés en Afghanistan, les Talibans en tirent les bénéfices, et les membres d’Al Qaïda tirent le bénéfice de la vente de ces fleurs de pavot à des individus en Turquie qui ensuite distribuent et fournissent 92 pour cent du marché de l’héroïne européen.
Avons-nous dit « prenez des mesures contre ces activités de stupéfiants parce qu’elles servent au terrorisme, et parce que les terroristes sont une menace pour la sécurité nationale ? » Non, nous ne l’avons pas dit. Time Magazine a fait un article de 11 pages sur la façon dont la production d’opium en Afghanistan a été augmentée.
La valeur de cette production d’opium a même été calculée.
Et il y a eu des déclarations de divers membres du Congrès, dont Walter Jones qui s’est rendu en Afghanistan, disant que beaucoup de cet argent est destiné au soutien d’Al Qaïda et des Talibans.
Le montant s’élève entre 38 et 50 milliards de dollars par an. Ce même article limite la production de pavots à quelques fermiers. Et vous imaginez ces Afghans en shalvar cultivant les pavots là-bas, et vous pensez bien que ces quelques personnes ne sont pas capables de gérer une industrie de 50 milliards. Ils n’en obtiennent qu’une petite part. La transformation du pavot en héroïne et son acheminement à travers les routes des Balkans sont assurés par des citoyens turcs. Et il ne s’agit pas de voyous ordinaires de Turquie, il s’agit de militaires turcs et de la police turque. En 2000, un professeur de Turquie a fait une étude documentée disant qu’un quart de l’économie turque repose sur la production et la distribution d’héroïne. Evidemment, il a du quitter le pays, se réfugier en Allemagne et y demander l’asile politique parce qu’il s’est rendu coupable de trahison pour avoir critiqué le gouvernement turc.
Time Magazine n’a pas parlé des acteurs principaux, des hauts placés, des puissants qui distribuent, produisent, commercialisent et blanchissent les produits. Ces gens ne sont pas inquiétés. Si vous lisez l’étude, vous y trouverez les pays concernés - la Turquie, Chypre, les Emirats Arabes Unis. Mais ils sont opportunément laissés de côté dans l’article de Time Magazine, laissant chaque Américain conclure que les fermiers gagnent 50 milliards de dollars par an. Là encore, le coupable en est Time Magazine car ce n’est pas le cas.
Tandis que le rapport montre l’implication turque, celle des Emirats Arabes Unis et pakistanaise, nous disons qu’ils sont nos alliés que nous ne voulons pas les affecter, les abandonner. En fait nous faisons beaucoup d’affaires et avons des relations diplomatiques sensibles avec eux, ainsi que le relève Don Ashcroft. Mais si aucun d’entre eux ne fait partie de l’axe du mal, si l’un d’entre eux était la Syrie, si l’un d’entre eux était l’Iran, si l’un d’entre eux était la Corée du Nord, s’il s’agissait de Sadam, vous verriez quel tapage cela soulèverait - comment le pays et le peuple de Saddam aident les Talibans financièrement et AlQaïda avec ces questions. Mais il y a eu ce gros « holà » ! Ils sont nos très proches alliés, ceux à qui sont donnés des aides de milliards de dollars, qui nous reviennent pour nous acheter des armes. Nous ne pouvons faire du surplace sur de tels sujets. Nous avons trop de gens puissants, trop de puissantes compagnies qui en tirent bénéfice.
Qui représente le peuple américain ? Nous savons bien que le précédent président M. Livingston représente aujourd’hui ces intérêts à l’extérieur, donc notre Congrès représente ces puissances étrangères. Mais qui en réalité représente le citoyen américain ? Et comment ? Il est très difficile d’en suivre les antécédents. C’est cela que l’on souhaiterait voir traiter par les principaux media de ce pays, et ils ne le font pas.
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